CRITIQUE : Dédales, ou la violence hors-champs d’un polar roumain

Alors que la tendance est à la violence, au choc des images, le réalisateur roumain Bogdan George Apetri prend le contrepied. Il sort ce mercredi 20 juillet « Dédales », un film parfaitement maitrisé où la violence frappe hors champs. Les émotions en paraissent décuplées. L’intelligence du film : faire comprendre, sans jamais vraiment montrer.

Il y a bien longtemps qu’un polar n’avait pas pris le temps. Le temps du silence. Dans « Dédales », il y a d’abord une jeune femme de 19 ans, novice dans un monastère à la campagne. Elle s’éclipse discrètement en taxi, direction l’hôpital. Il y a ensuite un chauffeur de taxi, fort bavard et fort aimable. Trop peut-être. Enfin, il y a Marius. Enquêteur de police acharné, décidé à tout pour faire avouer un suspect accusé d’un acte de violence insoutenable. Difficile d’en dire plus, au risque de gâcher le mystère. Bogdan George Apetri ne laisse aucun indice au spectateur dans un scénario quasi imprévisible.

La puissance du film est aussi liée à ses très long plans séquences. Fixe en voiture, la caméra nous place en témoin, au plus proche des personnages. Mobile à l’extérieur, elle nous épargne les scènes les plus violentes. Comme si c’était nous qui détournions le regard.

Le film à ses faiblesses, certes – une durée excessive, des dialogues souvent un peu didactiques -. Mais il convainc par son ambition. Sa sécheresse sans le moindre artifice nous rappelle qu’un silence, un regard, peut frapper d’avantage que la violence.

  • Film roumain. Durée 1h58. Réalisé par Bogdan George Apetri, Avec : Ioana Bugarin, Ana Ularu, Vasile Muraru.
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