“Bubble” de Tetsurô Araki ou la version moderne du conte de la Petite Sirène dans un Tokyo dévasté

Le créateur de l’Attaque des Titans livre ici son premier long métrage, diffusé sur Netflix. Le casting de l’animation japonais ne s’arrête pas là avec une production signée par le prestigieux Wit Studio (SnK), et le designer de personnages n’est autre que Takeshi Obata (Death Note). L’équipe revisite de façon ultra moderne le conte de La Petite Sirène livré par Hans Christian Andersen en 1837.

Un Tokyo dévasté et inondé. Une gravité altérée par d’étranges bulles. Des bandes d’ados orphelins qui s’affrontent lors d’épreuves de Parkour pour survivre. Un cocktail qui ne manque pas d’énergie pour cette nouvelle exclusivité Netflix. Dans “Bubble”, Tokyo est isolé du reste du monde par une bulle géante, offrant un terrain de jeu jalonné de petites bulles tangibles. Des bandes rivales s’y affrontent durant de périlleuses “Battlekour” afin de gagner des provisions. Un surdoué de la discipline se démarque des autres :  Hibiki, jeune homme discret et solitaire, jusqu’alors seul à savoir utiliser ces bulles lors des courses, rencontre la mystérieuse Uta.

Uta et Hibiki, protagonistes du film « Bubble » disponible sur Netflix depuis le 28 avril 2022. @WitStudio

La jeune femme, au design et à la personnalité soignés et travaillés est plus qu’une simple bulle prenant la forme humaine : les réalisateurs en font une réinterprétation moderne de La Petite Sirène. Vous prenez la souffrance et la candeur du conte de 1837, ajoutez un brun ténébreux dans un décor en ruine, mélangez la SF au romantisme, ajoutez une pincée de couleur, le tout concoté par une équipe de renom (très) expérimentée dans l’animation japonaise : et vous obtenez « Bubble », disponible sur la plateforme Netflix. 

Des designs réalistes et truculents

La ville engloutie, où la nature à repris ses droits, offre un univers visuel minutieusement travaillé. Immeubles éventrés, milieu subaquatique soigné, jardin d’Eden… Le design et l’animation, colorés et modernes, impressionnent encore plus que les précédents animés présents sur la plateforme et viennent véritablement porter ce conte intemporel teinté de science-fiction. Les graphiques de l’animé et sa sublime colorimétrie sont non sans rappeler l’animé “Your Name” de Makoto Shinkai, sorti en 2016, “le film japonais le plus lucratif de tous les temps”, et disponible sur Netflix. 

Entre prouesses techniques et « SnK’s Touch »

Si « Bubble » happe le public, c’est aussi pour ses impressionnantes scènes d’action. La caméra semble virevolter derrière les “traceurs” avec une fluidité qui fait échos aux prouesses des studios japonais dans les jeux vidéo d’actions. Le montage rapide ainsi que les plans-séquences suivant les coureurs en plein Parkour, évoquent les visuels dans « l’Attaque des Titans« . Pour rappel, le réalisateur du film, Tetsurô Araki, a par ailleurs réalisé plus d’une cinquantaine d’épisodes de la série animée SnK. Et ça se ressent. Les tenues des jeunes orphelins font aussi clins d’œil à l’équipement tridimensionnel de la série. Et puis, il faut dire que pour sa première superproduction d’1h40, le réalisateur a conservé sa fine équipe : le très convoité compositeur japonais Hiroyuki Sawano. Sa bande son électro-pop vient épouser les scènes d’actions de chants de sirènes plongeant le spectateur dans le lyrisme de l’histoire. L’un des seuls reproches qu’on pourrait faire à l’animé, c’est sa durée un peu courte, précipitant le public dans ce néo Tokyo ravagé où il n’est pas simple de saisir le pourquoi du comment de ces mystérieuses bulles.

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