Prendre le métro peut devenir un véritable casse-tête pour les personnes en situation de handicap. Les stations ne sont souvent pas adaptées, la marche entre le métro et le quai est souvent haute ou éloignée. Autant de problèmes auxquels la régie autonome des transports parisiens (RATP) répond avec des aménagements encore partiels.
Une “Nation” peu accessible
Le métro parisien est un dédale de couloirs et d’escaliers. Dans cet environnement, il est très difficile de se déplacer en fauteuil roulant. La solution est d’installer des ascenseurs dans les stations. Néanmoins, les problèmes d’accessibilité pour les personnes qui se déplacent en fauteuil roulant ne se limitent pas au fait de rejoindre les quais, il faut également pouvoir monter dans le métro. La RATP revendique 207 quais de métro ou de RER accessibles aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant.
Les lignes du RER sont en grande majorité accessibles aux personnes qui se déplacent en fauteuil roulant. La ligne B du RER est un bon exemple du développement des infrastructures accessibles. Presque la totalité des lignes sont annoncées comme étant praticables pour les personnes à mobilité réduite. Dans ce contexte, le réseau souterrain semble très en retard sur les questions d’accessibilité. Pourtant le métro est le moyen de transport le plus utilisé en région parisienne. En 2019 ce sont près d’1,5 milliards de personnes qui ont emprunté les lignes souterraines parisiennes. Certaines stations se démarquent par le nombre de personnes qui les empruntent chaque jour.
Néanmoins dans les 10 stations de métro les plus utilisées, aucune ne dispose d’ascenseur pour permettre aux personnes en situation de handicap de descendre directement dans la station. Une partie de la population est donc exclue de ces stations, qui correspondent à des pôles de modalités importants dans la capitale parisienne car on retrouve les quatre gares SNCF de Paris. La première station qui possède un ascenseur dans ce classement est Nation, qui pointe à la 16e place des stations les plus fréquentées.
La ville de Rennes comme exemple
Pourtant les normes d’accessibilité sont respectées aux yeux de la loi, ou plutôt, elles n’existent pas vraiment. Il existe bien une loi sur l’accessibilité, votée en 2005. Dans ce texte, on retrouve des dispositions particulières aux transports en commun. L’article 41 précise : “ Dans un délai de dix ans à compter de la date de publication de la présente loi, les services de transport collectif devront être accessibles aux personnes handicapées et à mobilité réduite.” Mais cet article fait exception des services de transports souterrains de la capitale. Les travaux à réaliser seraient trop coûteux et contraignants techniquement par le fait que le sol parisien est déjà traversé de part et d’autre par les lignes de métro.
Pourtant d’autres villes ont réussi à rendre leur réseau entièrement accessible. C’est le cas de Rennes, certes elle compte seulement quinze arrêts de métro pour l’ensemble du réseau, mais tous sont équipés pour les personnes à mobilité réduite. On trouve dans chaque station au minimum un ascenseur, et presque à chaque fois au moins un escalier mécanique. Toutes les stations à l’exception de J.F Kennedy sont équipées d’au moins deux ascenseurs.
Même si la RATP n’est pas obligée de modifier son réseau de transport en commun souterrain, le texte de loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, prévoit dans son article 45 : “Qu’en cas d’impossibilité technique avérée de mise en accessibilité de réseaux existants, des moyens de transport adaptés aux besoins des personnes handicapées ou à mobilité réduite doivent être mis à leur disposition. Ils sont organisés et financés par l’autorité organisatrice de transport normalement compétente dans un délai de trois ans. Le coût du transport de substitution pour les usagers handicapés ne doit pas être supérieur au coût du transport public existant.”
“Bonne nouvelle”, des transports de substitutions existent… ou pas
Pour les personnes en situation de handicap ne pouvant pas prendre les lignes de métro parisiennes, il ne reste que peu de choix. Les seuls transports en commun de substitution sont les bus et les tramways. Ces deux moyens de transport sont 100% accessibles en théorie. Les tramways étant en surface, il n’y a aucun problème d’accès au quais ou à la rame. Pour les bus, il y a des rampes d’accès pour raccorder le trottoir ou la zone d’attente avec l’intérieur du bus. Cependant, ces deux modalités de transport sont difficilement perçues comme des moyens de substitution aux métros.
Le tramway en Ile de France profite d’un maigre réseau. Seulement onze lignes sont en activité. Parmi elles il n’y en a que deux à Paris, la T3a et la T3b qui sont interconnectées à l’arrêt Portes de Vincennes. Le manque de connexions entre les différentes lignes apparaît évident lorsque l’on regarde la carte du réseau de tramways. On compte sept correspondances entre deux trams sur l’ensemble des lignes. Pas beaucoup mieux en ce qui concerne les échanges de voyageurs avec le métro. La plupart des stations accessibles de la région sont trop éloignées des arrêts de tramway pour que les passagers y fassent des correspondances.
Le réseau de bus est bien plus conséquent que celui du tramway à Paris et dans la région Île de France. Quelque 354 lignes de bus quadrillent tout le territoire. Et surtout, ils sont tous accessibles ! Voilà les arguments mis en avant par la RATP en faveur du réseau de bus. Malheureusement la réalité est un peu différente. L’accessibilité du réseau repose sur les équipements des véhicules. Les rampes qui permettent aux personnes en fauteuil roulant de monter se déploient automatiquement ou manuellement en fonction des bus. Des conditions doivent tout de même être respectées pour que la plateforme puisse s’étendre, si le bus est trop loin du trottoir ou bien que la rampe automatique ne fonctionne pas il devient impossible pour ces personnes de se déplacer. Les bus ne sont pas adaptés aux utilisateurs de fauteuils roulant aux heures de pointe, le seul espace qui peut accueillir un fauteuil roulant dans le bus est souvent saturé par les voyageurs déjà présents dans le véhicule. Les utilisateurs sont donc forcés d’attendre des bus moins remplis, ce qui est incompatible avec le fait de se déplacer à des horaires fixes ou avec des impératifs. Le manque de solutions de déplacement pour les personnes en fauteuil roulant participe pleinement à leur marginalisation. Les personnes en situation sont obligées de constamment s’adapter pour pouvoir espérer prendre les transports en commun en région parisienne.
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