Le dessin de presse pour créer du lien entre collégiens et aînés

Les spectateurs ont pu profiter de la projection de plusieurs dizaines de dessins de presse ©Pauline Chamignon

Le 5 décembre dernier, une conférence sur le dessin de presse était organisée à Plestin-les-Grèves, dans le cadre d’un projet d’éducation artistique et culturelle. Initié par Carole Boëtti et soutenu par la mairie, l’événement était animé par trois dessinateurs de presse.

La salle An Dour Meur de Plestin-les-Grèves recevait lundi 5 décembre les élèves de 4ème du collège Penker, leurs enseignant.es et les résident.es de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Notre-Dame. En outre, étaient présents le Bistrot Mémoire ainsi que trois étudiants en journalisme de l’IUT de Lannion. Tous étaient là pour assister à la conférence organisée par Carole Boëtti, médiatrice culturelle pour l’association 1000 citadelles. Coordinatrice d’un projet d’éducation artistique et culturelle, elle a invité trois artistes qui ont décrypté le dessin de presse aux différents acteurs du programme. Ce projet est également soutenu par la mairie de Plestin, la direction régionale des affaires culturelles et le département des Côtes-d’Armor. 

Une collection originale de dessins de presse au cœur du projet

Tout est parti de la découverte d’une collection originale de l’artiste Henry Gerbault (mort en 1930) dans la cave d’une habitante de Plestin-les-Grèves. En apprenant cela, Carole Boëtti a eu l’idée de construire un projet culturel intergénérationnel autour du dessin de presse. Soucieuse de créer du lien entre les adolescents et les plus âgés, la médiatrice était désireuse d’intégrer à la fois des collégiens, des étudiants et des aînés pour « décloisonner les générations, les faire se rencontrer et échanger » autour des œuvres d’Henry Gerbault. La précieuse collection sert désormais de socle de réflexion pour petits et grands.

Carole Boëtti est la coordinatrice du projet d’éducation artistique et culturelle “Henry Gerbault” ©Pauline Chamignon

Sur l’estrade, trois dessinateurs de presse contemporains ont passé le dessin en revue, de sa pratique ancestrale à la plus moderne. François Forcadell, figure du milieu, a tenu à rappeler « l’importance du dessin dans nos vies » aux spectateurs de tous âges, avant de définir le dessin de presse : « décrire une situation, une idée, en un seul croquis. »

Les collégiens avaient beaucoup de questions à poser

François Forcadell a présenté d’innombrables dessins de presse, tantôt caricaturaux, tantôt satiriques, sous les regards amusés et parfois, les éclats de rire. Aux côtés du Parisien se tenaient André Morvan et Éric Appéré, deux de ses collègues bretons. Tous les trois ont ensuite été longuement sollicités par les collégiens, qui se bousculaient pour pouvoir poser leurs questions. « Que peut-on critiquer et quelles sont les limites ? », s’est interrogé un adolescent. Pour Éric Appéré : « On s’adapte au journal pour lequel on travaille, on essaye de pousser les limites ». « Moi j’essaye de faire passer ce que je peux, mais à la fin, c’est le journal qui choisit », confie son collègue André Morvan. François Forcadell a quant à lui apporté un éclairage technique pour répondre à la question du collégien. Il a évoqué la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, « toujours en vigueur aujourd’hui ».

De gauche à droite : François Forcadell, Hervé Morvan et Éric Appéré ©Pauline Chamignon

Une opportunité pour les résidents de l’Ehpad Notre-Dame 

Les plus âgés de la commune, résidents de l’Ehpad Notre-Dame de Plestin-les-Grèves, n’ont pas caché leur enthousiasme de prendre part à ce projet. Leur animatrice, Anne Nedeleg, a lu de vive voix le travail réalisé lors d’un atelier d’écriture organisé quelques jours plus tôt à la maison de retraite. Les résidents avaient justement planché sur un dessin d’Henry Gerbault et devaient écrire une légende avec leurs mots, selon leur interprétation personnelle. Leur lecture était radicalement différente de celle d’Henry Gerbault qui symbolisait la jalousie au sein d’un couple marchant dans la rue. Les aînés eux, y ont vu le retour d’un enterrement. Pour François Forcadell,  cette divergence de lectures « c’est une des caractéristiques du dessin. Chacun y verra autre chose, il y a beaucoup d’interprétations possibles ». Fort de l’intérêt qui lui est porté, le projet se poursuit et d’autres ateliers sont prévus jusqu’en mars 2023. Les collégiens et les aînés pourront continuer de développer ensemble leur regard critique sur le dessin de presse.

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