Dans le Trégor, le trésor de la distillerie Warenghem

Les marques du temps et du climat sont visibles sur certains fûts présents depuis plus de 15 ans.
Les marques du temps et du climat sont visibles sur certains fûts présents depuis plus de 15 ans ©Guillaume Petit-Marzin

Installée depuis 1900 dans la vallée du Léguer, la distillerie Warenghem est mondialement connue pour ses whiskys aux saveurs incomparables. Immersion dans le chai historique à l’origine de cette renommée.

Ce hangar géant en tôle, où sont entreposés 2 000 fûts, s’apparente à une cave géante. Pour certains visiteurs, ce chai apparaît comme une salle au trésor. La corrosion sur les supports métalliques des fûts témoigne de l’humidité et de la pénombre qui règnent dans le bâtiment. Mais surtout, il n’y a pas un bruit ! Comme si les whiskys devaient être au calme pour maturer.

Certains touristes ont froid, d’ailleurs Anne Roussier enfile une polaire. « Dès le début, nous voulions que la Bretagne et son climat se retrouvent dans nos produits. En fonction de la météo, les whiskys ne vont pas avoir exactement les mêmes saveurs. C’est ça qui rend unique notre distillerie et chaque bouteille », nous explique Erwan Lefebvre, le maître de chai.

D’autres distilleries contrôlent les conditions dans lesquelles les whiskys vieillissent en isolant le chai. Sur les futailles, des étiquettes en papier parfois rongées par le temps rappellent les caractéristiques de chaque alcool. Il est difficile de comprendre l’organisation des tonneaux, même pour la guide. « Seul le maître des lieux s’y retrouve ! »


2 000 tonneaux sont stockés à la verticale et à l’horizontal dans chacun des trois chais de la distillerie. ©Guillaume Petit-Marzin

Les fûts, le secret d’un bon whisky

Dès l’entrée, la hauteur de ces montagnes de fûts impressionne. Chaque alcool mature dans un ou plusieurs types de futailles entre trois et 18 ans pour les meilleurs. « Ce sont les tonneaux qui donnent les couleurs, les odeurs et les goûts. On joue avec les caractéristiques de chaque fût pour parfumer nos produits » explique Erwan Lefebvre.


Ces trois whiskys viennent d’un même distillat, seule la maturation diffère. ©Guillaume Petit-Marzin

D’un côté du hangar, les barriques de 200 litres de bourbons utilisés outre-Atlantique sont stockées. La loi américaine oblige les producteurs à utiliser des contenants neufs. Les distilleries européennes les récupèrent ensuite pour affiner leurs alcools. De l’autre côté, on retrouve les anciens fûts de sherry, bien plus imposants. « Pourquoi les tonneaux de bourbons sont à la verticale et les autres à l’horizontal ? » demande Eric, un amateur qui visite l’usine pour la première fois. « Les parois des bourbons sont très droites, on peut les empiler et en mettre quatre par palette, répond Anne Roussier. C’est une question de logistique. » Un peu plus loin, les fûts 100% breton sont empilés. La fierté de l’entreprise qui a créé l’indication géographique protégée (IGP) whisky breton.


À l’initiative de la distillerie lannionaise, une appellation géographique regroupe six distilleries pour protéger le savoir-faire whisky breton ©Guillaume Petit-Marzin

Les tonneaux sont fabriqués en chêne breton, spécialement pour l’entreprise. « Lorsque notre tonnelier à Douarnenez a pris sa retraite, son fils est venu s’installer à Lannion pour continuer à fournir la distillerie », détaille Anne Roussier tout en caressant fièrement de la main l’un de ces barils de 400 litres. Tout au fond se trouvent les fûts utilisés plus rarement et qui servent à maturer du rhum, du cognac ou encore du vin. Une futaille porte d’ailleurs encore la marque du château Rayne Vigneau, l’un des plus grands crus de Sauterne.

Guillaume Petit-Marzin

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