Titouan Bordeau, assistant réalisateur sur « Sirocco et le Royaume des courants d’air » : « Je me suis retrouvé dans cet univers barré »

Le film d’animation Sirocco et le royaume des courants d’air est sorti le 13 décembre au cinéma. Titouan Bordeau, assistant réalisateur, évoque la conception de ce projet, sur les rails depuis 2011.

Au cinéma Les Studios à Brest, la séance affiche complet. Des enfants courent entre les sièges en attendant la projection. Les deux derniers rangs sont occupés par la famille de Titouan Bordeau. En ce début novembre, ses proches sont venus en nombre pour assister à l’avant-première brestoise du film d’animation Sirocco et le royaume des courants d’air. Ils ne dissimulent pas leur fierté de découvrir le travail du jeune assistant réalisateur. Et puis, quelle joie de le voir présenter une séance chez lui, en Finistère !

À la sortie, dans le hall du cinéma, Titouan Bordeau – gros pull gris sur les épaules, froideur de Brest oblige – prend des nouvelles de ses proches. Et adresse des remerciements par-ci par-là, à tous ceux qui s’approchent pour le féliciter. Malgré la frénésie des retrouvailles, le jeune homme s’éclipse un instant, pour échanger sur son rôle au sein du projet.

L’histoire de deux soeurs, Juliette et Carmen, propulsées dans leur ouvrage favori. Mais ce n’est pas tout : les voilà transformées en chats. Pourquoi des félins ? « C’est mignon », déclare Titouan Bordeau, non sans rire. « Et puis, commercialement, c’est le bon plan. » Pour s’en sortir, pas d’autre choix que de s’adresser à l’impitoyable Sirocco, maître des lieux. Est-il aussi vilain qu’il n’y paraît ? 

Depuis 2011

La phase d’écriture, débutée en 2011, a duré une décennie. Puis, « nous avons mis deux ans à fabriquer le film. » Pile à temps pour le Festival du Film d’Animation d’Annecy en juin 2023, où il a été récompensé du Prix du Public. Titouan Bordeau, lui, a rallié le projet en 2013. À sa sortie de l’école de la Poudrière (Auvergne) en 2013, Benoît Chieux l’approche pour réaliser un teaser de son nouveau projet. Une vidéo destinée à montrer tout le potentiel du film, s’adressant surtout à de futurs financeurs. « On a bien accroché tous les deux », souligne le jeune homme. 

Affinité avec le réalisateur, mais aussi avec son bébé. « Je me suis retrouvé dans cet univers barré. » Il cite le japonais Hayao Miyazaki, papa des studios Ghibli, l’auteur de littérature jeunesse Claude Ponti ainsi que le réalisateur René Laloux et sa Planète Sauvage (« On ne fait plus de choses aussi grandes ! »).

Titouan Bordeau, assistant réalisateur sur Sirocco et le Royaume des Courants d’air, lors du Festival Européen du Film Court de Brest, le samedi 11 novembre 2023. ©Lisa Farou

Soutien de Benoît Chieux, Titouan Bordeau se qualifie de « numéro deux ». Ce long-métrage, il l’a vu prendre vie : « J’étais là sur toute la durée du projet. » Entre les storyboarders, chargés d’une première mise en images du scénario, les character designers, imaginant l’allure des personnages, ou encore le matte painter artist, concevant les décors, « les équipes se sont succédées ». Au total, près de 200 personnes ont participé à la création de Sirocco et le Royaume des courants d’air. Pour un coût de 6 millions d’euros. « Ce n’est pas cher », assure Titouan Bordeau, établissant un parallèle avec d’autres productions. À titre d’exemple, un mastodonte comme Wish – Asha et la bonne étoile, dernière sortie des studios Disney, s’en tire avec un budget de 200 millions d’euros. 

L’une des dernières étapes est le mixage sonore. À cette fin, l’équipe a regardé le film trois fois par jour… pendant plus d’une semaine. Pour ne pas laisser vagabonder son esprit durant un énième visionnage, Titouan Bordeau veillait à se concentrer sur la tâche du moment. « Je me focalise sur une chose précise, pour m’accrocher à ça. »

Un univers aérien

Le film prend place au Royaume des courants d’air. Un lieu dompté par les lois de la nature. Le vent y occupe une place prédominante. La contrée grouille de créatures de toutes les couleurs, aux apparences variées. Seul point commun : pouvoir se déplacer dans les airs. Ses résidents doivent être en mesure de voler, grâce à leurs attributs physiques ou d’autres moyens. À l’image de ce deltaplane emprunté par nos héroïnes pour partir à la rencontre de Sirocco. Ce caractère aérien passe par la respiration des personnages, le mouvement des têtes… Les possibilités sont multiples ! Titouan Bordeau aime « inventer de nouvelles choses avec de nouvelles règles ».

Le Royaume des courants d’air est peuplé de drôles de créatures. ©Haut et Court


Ces bestioles suscitent des interrogations chez les tout jeunes spectateurs. Comme ce petit garçon qui prend le micro d’une voix hésitante : « Pourquoi est-ce que vous n’avez pas utilisé des fils ? » Silence d’incompréhension et sourires gênés. « Quand on fait des séances avec des enfants, les questions sont parfois… aléatoires », glisse l’assistant réalisateur avec malice.

Auteur/Autrice

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*