La Recyclerie Seconde Vie, dont le magasin se trouve dans le centre-ville de Loudéac, se heurte à des difficultés d’expansion depuis quelques mois. Le principe du collectif, décrit comme à but non lucratif, écologique et agissant pour les plus démunis, est très populaire depuis de nombreuses années. Cependant, l’association, devenue une entreprise récemment, se voit principalement limitée par l’espace de son magasin. Son président, Nicolas Le Querré, également professeur de philosophie, fait le point sur les objectifs passés et futurs de l’association.
À l’époque, l’association crée en juin 2016, n’avait pas suffisamment de fond pour pouvoir louer un local afin de faire un magasin. « Lorsque l’on a commencé le projet, nous n’avions pas de sous, mais on a commencé par un financement participatif sur Leetchi qui nous a rapporté 2000 € » explique Nicolas Le Querré, le président de l’association avant d’ajouter « Les personnes ont très vite accroché au concept, ils nous ont donné des meubles et des objets avant même l’existence d’un local ! » Il explique que cela a « permis de les revendre sur les différents trocs et puces et de monter le budget à 4000 € pour justement pouvoir louer un endroit afin de faire un magasin permanent. »
Deux années après le lancement de l’association, la Recyclerie Seconde Vie ouvre ses portes aux Loudéaciens. C’est plus précisément le 2 mars 2018 que le collectif aménage un local 480 m² repartis sur quatre niveaux en plein centre-ville de Loudéac. Le rez-de-chaussée est consacré à l’accueil des clients, l’exposition d’articles et la vente de ces derniers. Tandis que le grenier et le sous-sol servent d’espaces de stockages. Le premier étage est « un espace mixte, composé de bureau pour travailler et également de zones de stockages » explique Nicolas Le Querré.
Les différents espaces de la Recyclerie Seconde Vie © Mano Le Bris
Pensé comme un véritable magasin, « où chacun des espaces concerne un type d’objet », l’équipe de la Recyclerie Seconde Vie s’applique à reproduire des rayons épurés avec néanmoins du choix. Le magasin est organisé de manière à avoir plusieurs espaces définis par catégories d’objets : Livres, vaisselles, porcelaines, cd, jouet pour enfants, meubles (étagère, table, chaise)…
On peut presque tout y retrouver. Les vêtements sont les seuls manquant à l’appel, « au début, nous vendions des vêtements, puis nous avons arrêté, souvent, ils étaient en trop mauvais état, tachés ou autres » explique le président de la Recyclerie Seconde Vie avant d’ajouter « avec les tailles, c’est vraiment difficile à mettre en place, c’est tout un autre système supplémentaire. » La volonté du collectif est claire : « Nous avons envie que lorsque les gens rentrent dans le magasin, ils ne voient pas la différence avec les autres magasins, bien que le concept soit légèrement différent. »
Un concept simple, mais qui manquait à Loudéac
Le concept de la Recyclerie Seconde Vie est similaire aux friperies, trocs et puces et vides greniers permanents qui émergent depuis quelques années, mais se rapproche néanmoins plus des salles de ventes et boutiques Emmaüs. À la croisée de deux centres d’intérêts des bénévoles de l’équipe, à savoir réduire l’impact environnemental et réduire les déchets, la seconde main est au cœur du projet. Il y a également un aspect social qui prime sur l’aspect économique, en cherchant à vendre les prix les plus bas possible. Le but final étant de proposer un large éventail d’objets et de meubles de seconde main au maximum de personne.
Des prix qui sont très bas, car le magasin fonctionne sur le don d’objets par les particuliers ainsi que sur le bénévolat partiel de l’équipe de la Recyclerie Seconde Vie. Dans cette logique, la Recyclerie propose un service de récupération d’objets et de meubles par le biais d’un camion pour les meubles les plus encombrants. Toute fois, Nicolas Le Querré précise que ce n’est pas un service de débarras, les objets sont inspectés, sélectionné et trié en fonction des besoins du magasin, en contrepartie ce service est gratuit. Le camion peut pareillement servir à livrer d’autres meubles encombrants auprès des particuliers l’ayant acheté.
Nicolas Le Querré défini toujours la Recyclerie Seconde Vie, devenue une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) depuis quelques mois, comme une association à but non lucratif. « Le fonctionnement reste le même, nous sommes simplement devenus une SCIC, car pour l’administratif, c’est plus intéressant. » Le collectif qui embauche environ deux salariés, fonctionne quand même principalement grâce à ses bénévoles : « nous pouvons faire quelques réparations sur des objets pour les revendre, certains bénévoles savent bricoler du petit électroménager, d’autres des vélos, moi personnellement, je peux arranger quelques meubles… »
Face aux problèmes, la Recyclerie va devoir évoluer sur tous les plans
Nicolas Le Querré possède de nombreuses casquettes, président de la Recyclerie Seconde Vie depuis sa création, mais aussi professeur de philosophie au lycée Fulgence Bienvenüe. Au sein de l’association, il s’occupe de l’administratif et globalement de la structure ainsi que les collectes et les livraisons. Nicolas prend également en charge la gestion du stock et il peut remplacer des salariés sur le reste de son temps disponible. Une certaine fatigue commence à s’installer chez lui entre sa vie professionnelle, personnelle, à l’éducation nationale et ses autres engagements. Nicolas explique vouloir » tripler ou quadrupler la surface de vente afin de dégager suffisamment de chiffres d’affaires pour lui fournir un salaire. » Sur le moyen-long terme, l’objectif serait qu’il puisse quitter l’Éducation Nationale pour se lancer pleinement dans cette aventure. « Je suis passé à temps partiel au lycée, mais parfois cela me faisait des semaines de 50 heures, ça pouvait être vraiment fatiguant… », explique Nicolas Le Querré.
Des objectifs à atteindre sur le plan personnel comme sur le plan associatif : toujours dans le même local depuis 2018, il n’est plus adapté à leur activité. Nicolas Le Querré explique que « c’était la seule opportunité qui se présentait pour un prix raisonnable. » Le but de ce premier local était de permettre à l’association de se lancer, tout en sachant que c’est une activité qui demande beaucoup de place. « Le fait que notre espace soit réparti sur quatre niveaux n’aide pas, on passe notre temps à faire des allers-retours… », explique l’une des bénévoles. Alors sur le court terme, l’équipe veut et doit trouver un nouveau local. Ils y sont contraints, car ils arrivent à la fin de leur bail qui ne sera pas renouvelé par les propriétaires. Nicolas Le Querré se veut rassurant et confiant pour l’avenir : « depuis le début de l’activité, nous nous sommes toujours débrouillés tout seuls, sans aide matérielle ou financière, je sais que nous arriverons à trouver le local qui nous permettra de mener à bien notre projet ! »
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